A quelques jours du second tour de la Présidentielle, on a le sentiment que le sport garde une
place bien secondaire. Peu cité et peu commenté par le personnel politique, il semble depuis trop
longtemps dévoyé et mis de côté, alors même qu’il représente un secteur très important et au
potentiel multiplicateur fort.
Lors de sa première sortie en tant que candidat officiel à sa réélection, dans la ville de Poissy, le
président Emmanuel Macron a annoncé vouloir imposer, dès la rentrée prochaine, une demi-heure
de sport quotidien pour toutes les écolières et tous les écoliers français. C’était là une première
mesure forte faite par le président-candidat. Ce qui a fait dire à certains que le leader de la
République en Marche faisait la part belle au sport et mettait en avant ce secteur très important en
termes de poids économique et de création d’emplois.
Par ailleurs, lorsque l’on regarde l’évolution du budget du ministère des sports, sous le quinquennat
d’Emmanuel Macron, on ne peut que constater la hausse continue, passant d’un très faible 481
millions d’euros en 2018 à 987 millions d’euros en 2022. Oui, le sport a l’air d’intéresser le parti, il est
tiré vers le haut et soutenu. Vraiment ? Parce qu’à y regarder de plus près, on pourrait seulement
préciser qu’il s’agit d’un rattrapage lié à la prochaine organisation des Jeux Olympiques de Paris,
prévus pour 2024, avec la valorisation de la SOLIDEO, chargée de la construction des futures
infrastructures liées à l’événement et à la majoration du fonds d’aide pour les sportifs de haut-niveau
et les entreprises de loisir sportif, en souffrance durant la crise du covid19.
Autrement, si l’on ne regarde que les aides en faveur du sport, de manière générale, elles n’ont pas
l’air d’évoluer depuis bientôt plus d’une décennie. En fait, il y a beaucoup de communication mais
pas beaucoup d’effets ou de mesures. On a le sentiment, encore plus en période de campagne
électorale, que le sport n’est qu’un faire-valoir, qu’un outil de communication, mais qu’il n’a jamais
été mis en avant et été mis au centre du jeu. Qu’il s’agisse d’Emmanuel Macron ou de tous les autres
candidats à l’élection présidentielle, personne, hors rares exceptions, n’a rédigé un programme réel
et concret pour le sport, n’a distingué sport amateur et sport professionnel, n’a élaboré des mesures
concrètes pour le soutien de son économie ou de son secteur.
Lorsque l’on regarde les programmes, la seule fois où le sport est cité, c’est pour parler de lutte
contre le communautarisme ou la sédentarité, pour soutenir la santé et l’éducation, mais jamais le
sport pour le sport. Régulièrement, pourtant, le COSMOS, le Conseil Social du Mouvement Sportif, ou
l’Union Sport & Cycle, des organes de défense du milieu sportif, ont fait part de leurs vœux pour
aider et renforcer le marché et le secteur sportif. Déjà en 2017, et encore pour 2022, ils ont édicté
une quantité importante de propositions, allant de la reconnaissance du statut de bénévole sportif
ou l’aide à la formation des dirigeants de clubs de sport à la création d’une niche fiscale pour le
mécénat sportif ou l’exonération dans le sponsoring sportif. Tout est misé sur le marché et
l’économie du sport, vu comme un secteur à part entière, représentant plus de 400 000 emplois en
France et 90 milliards d’euros de retombées économiques, selon les chiffres du ministère. Ici, le sport
n’est plus observé sous le prisme de la pratique du quotidien, du bien-être mais bel et bien comme
un outil participant à la croissance.
Malheureusement, personne ne semble avoir récupéré ces propositions et ne les a mises au centre
du débat. Pour quelle raison ? Il y a l’idée de la culture valorisée en France face au sport, que les
élites dirigeantes et intellectuelles seront toujours plus respectées si elles mettent en avant tel ou tel
livre ou tel exposition plutôt que leur club de cœur ou leur sport favori. Mais il y a aussi une question
de stratégie, la parole sportive n’est pas audible politiquement. Qu’un candidat parle d’économie,
d’environnement, de société, de sécurité, c’est bien normal, qu’il ne parle pas de sport, ça n’est pas
grave du tout et personne ne lui en tiendra rigueur. Pour Philippe Diallo, président du COSMOS,
interrogé par le JDD, « le sport n’est pas perçu comme porteur électoralement, alors même qu’il est
pris en compte par les élus locaux. Un paradoxe supplémentaire ».
Il serait peut-être temps de changer ces préjugés. Un peu tard à quelques jours d’une élection
présidentielle …